jeudi 12 novembre 2015

Un poème en hommage à ces gosses qui marchent... et qui parfois n'arrivent pas...



Enfant qui marche…

C’est un enfant qui marche
Il marche depuis longtemps
Si longtemps qu’il ne se souvient plus depuis quand…
Depuis que son père l’a réveillé en pleine nuit
Viens, on part, on fuit…
L’enfant n’a pas bien compris
N’a pas eu le temps de prendre avec lui
Son doudou, son ami…

Ils sont partis dans la nuit
Loin de chez lui
Là où la guerre sévit
Là où la guerre détruit
Son père lui a dit
Tu verras j’t’emmène au Paradis
L’enfant a cru son père et a eu moins peur
Sur ses petites jambes il marche et marche pendant des heures

Il voit que des gens marchent avec eux
Nombreux
Ils vont, sans bruit, dans un murmure discret
De routes en chemins, de sentiers
En pistes ensablées
Et puis voilà la mer dans le soleil levant
L’enfant tient fort la main de ses parents
Il voit beaucoup d’autres parents
Avec d’autres enfants
Qui, en lentes processions désordonnées,
S’entassent dans un bateau, recroquevillés,
Mâchoires serrées, regards angoissés…

Quand le bateau s’en va sur les flots agités
Une rumeur s’élève, presque joyeuse : sauvés !
L’enfant interroge son père d’un regard embrouillé
Rassure-toi mon fils, tu verras bientôt le Paradis…
Mais le rafiot
Ballotté par les flots
Tangue dangereusement
Lutte désespérément
Jusqu’à ce qu’une vague plus forte que les autres
Arrache l’enfant à la main de son père
Un dernier regard, un dernier cri
Et l’enfant s’en va…

L’enfant marche
Il marche vers le Paradis…

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