Les gamins des
bombes (à Keny Arkana, magnifique rapeuse)
Toi tu dis ta
rage, tu cries, tu t’arraches, ça m’prend
Tu dis qu’ton
cœur est en cendres
Et je sens
bien qu’au prochain tournant
Tu voudrais
descendre
Quitter ce
train qui va trop loin
Refaire ce
monde tellement immonde…
Pendant ce
temps, là-bas, y’a des coups de canons
Des gens
meurent sous leurs maisons
Moi j’suis là
comme auditeur, comme spectateur
Je t’entends
hurler, je perçois leurs peurs
J’peux rien
te proposer pour construire ton bonheur
J’ai rien à
offrir pour les sortir d’leur torpeur…
J’voudrais
juste que les hommes soient un peu moins cons
Qu’ils
ouvrent un peu les yeux sur les dégâts qu’ils font
Qu’ils
entendent cette femme, cette grande dame
Qui dit sa
révolte, qui n’a plus de larmes
Qu’ils
entendent ces gamins qui gueulent dans la rue
Parce que les
voix de leurs pères se sont tues…
Mais qui a
envie d’entendre ?
Qui veut
encore les défendre ?
Ces p’tites
voix qui déjà n’ont plus d’avenir
Ces gamins
qui ne vont plus jamais rire…
Moi j’dis que
la vie n’a pas de prix
C’est facile,
président, de te retourner dans ton lit
En attendant
y’a plein d’innocents qui crèvent
Y’a plein de
gosses qui ne réaliseront jamais leurs rêves…
Mais qui a
envie d’entendre ?
Qui veut
encore les défendre ?...
Ces
mains-là
Ces mains-là
viennent de loin, de là-bas, de si haut…
Tannées,
presque brûlées par le soleil, usées par le labeur quotidien, ces mains-là ont
su rester coquettes, parées de bijoux, habillées de pierres précieuses,
d’anneaux de lumière.
Ces mains-là
se reposent, en douceur, en méditation : elles récitent un mantra, une
prière, un désir secret, sacré…
Avec le
temps, comme des ruisseaux issus de nulle part et se perdant à l’infini, les
rides ont creusé la peau, virevoltant, s’entrecroisant, se perdant pour mourir
au creux de la main.
Plus
saillantes, les veines nous rappellent la Vie qui va, la Vie qui vibre et qui
éclate au grand jour…
Ces mains-là
disent la paix, la foi, l’Amour aussi.
Des mains de
femme, peut-être… qui ont tant choyé, caressé, donné, aimé…
Ces mains-là
ont vécu le froid des hivers qui ne finissent pas, le soleil des étés courts et
brûlants, les pluies fines et glacées qui annoncent la neige, les vents qui
s’infiltrent à travers les habits.
Ces mains-là
ont travaillé la terre, inlassablement, obstinément, humblement, avec cette foi
qui suffit à sauver une récolte inespérée, avec ce découragement, parfois,
devant le champ inondé, balayé, réduit à un lac improductif.
Ces mains-là
ont prié, espéré, imploré, pacifié.
Caressant les
billes d’une foi plus que millénaire, elles ont appelé la paix, la tendresse,
l’harmonie au cœur de soi, au cœur du monde.
Ces mains-là
rayonnent de bonté, de beauté.
Elles
m’offrent l’espoir d’un temps de sérénité, d’un instant où il suffit d’être là,
en silence, en respect, en amour avec l’autre.
Ces mains-là
me parlent. Elles me disent la simplicité, la tendresse et l’Amour. Elles me
racontent aussi l’histoire de ce peuple des montagnes, de ces gens qui chaque
jour côtoient les dieux, là-haut, si loin des hommes…
Elles me
confient la souffrance du quotidien, l’humilité devant la terre qui nourrit, la
patience face au temps qui défile, qui s’efface en laissant la marque de son
passage sur la peau.
Je ne
connaîtrai jamais ces mains-là. Je ne saurai pas leur rudesse ni leur douceur,
leur force ni leur faiblesse, leur chaleur ni leur accueil. Je ne saurai pas
leurs caresses, leur simplicité. Je ne saurai rien de ces mains-là, rien
d’autre que la lumière qu’elles exhalent. Rien d’autre que la paix qu’elles
m’offrent… Rien d’autre...
Photo de Jean-Marie Jolidon
Sl’amour
te dire je
t’aime
et puis me
taire
te dire je
t’aime
avec mes yeux
avec mes
mains
avec mon
corps
te dire je
t’aime
et puis me
taire
et m’en aller
pour revenir
et encore te
dire
et te redire
je t’aime
avec mes yeux
avec mes
mains
avec mon
corps
te dire je
t’aime
et puis me
taire
et me laisser
couler là
au creux de
tes bras
te dire je
t’aime
et m’enivrer
de toi
de ton corps
de tes mains
de tes seins
te dire je
t’aime
et me noyer
dans tes yeux
et m’oublier
dans tes
cheveux
te dire et te
redire
je t’aime
et puis me
taire