mercredi 25 septembre 2013

Quelques slams pour la route!



Les gamins des bombes (à Keny Arkana, magnifique rapeuse)

Toi tu dis ta rage, tu cries, tu t’arraches, ça m’prend
Tu dis qu’ton cœur est en cendres
Et je sens bien qu’au prochain tournant
Tu voudrais descendre
Quitter ce train qui va trop loin
Refaire ce monde tellement immonde…
Pendant ce temps, là-bas, y’a des coups de canons
Des gens meurent sous leurs maisons
Moi j’suis là comme auditeur, comme spectateur
Je t’entends hurler, je perçois leurs peurs
J’peux rien te proposer pour construire ton bonheur
J’ai rien à offrir pour les sortir d’leur torpeur…
J’voudrais juste que les hommes soient un peu moins cons
Qu’ils ouvrent un peu les yeux sur les dégâts qu’ils font
Qu’ils entendent cette femme, cette grande dame
Qui dit sa révolte, qui n’a plus de larmes
Qu’ils entendent ces gamins qui gueulent dans la rue
Parce que les voix de leurs pères se sont tues…
Mais qui a envie d’entendre ?
Qui veut encore les défendre ?
Ces p’tites voix qui déjà n’ont plus d’avenir
Ces gamins qui ne vont plus jamais rire…
Moi j’dis que la vie n’a pas de prix
C’est facile, président, de te retourner dans ton lit
En attendant y’a plein d’innocents qui crèvent
Y’a plein de gosses qui ne réaliseront jamais leurs rêves…
Mais qui a envie d’entendre ?
Qui veut encore les défendre ?...





 Ces mains-là

Ces mains-là viennent de loin, de là-bas, de si haut…
Tannées, presque brûlées par le soleil, usées par le labeur quotidien, ces mains-là ont su rester coquettes, parées de bijoux, habillées de pierres précieuses, d’anneaux de lumière.

Ces mains-là se reposent, en douceur, en méditation : elles récitent un mantra, une prière, un désir secret, sacré…
Avec le temps, comme des ruisseaux issus de nulle part et se perdant à l’infini, les rides ont creusé la peau, virevoltant, s’entrecroisant, se perdant pour mourir au creux de la main.
Plus saillantes, les veines nous rappellent la Vie qui va, la Vie qui vibre et qui éclate au grand jour…

Ces mains-là disent la paix, la foi, l’Amour aussi.
Des mains de femme, peut-être… qui ont tant choyé, caressé, donné, aimé…

Ces mains-là ont vécu le froid des hivers qui ne finissent pas, le soleil des étés courts et brûlants, les pluies fines et glacées qui annoncent la neige, les vents qui s’infiltrent à travers les habits.
Ces mains-là ont travaillé la terre, inlassablement, obstinément, humblement, avec cette foi qui suffit à sauver une récolte inespérée, avec ce découragement, parfois, devant le champ inondé, balayé, réduit à un lac improductif.

Ces mains-là ont prié, espéré, imploré, pacifié.
Caressant les billes d’une foi plus que millénaire, elles ont appelé la paix, la tendresse, l’harmonie au cœur de soi, au cœur du monde.

Ces mains-là rayonnent de bonté, de beauté.
Elles m’offrent l’espoir d’un temps de sérénité, d’un instant où il suffit d’être là, en silence, en respect, en amour avec l’autre.

Ces mains-là me parlent. Elles me disent la simplicité, la tendresse et l’Amour. Elles me racontent aussi l’histoire de ce peuple des montagnes, de ces gens qui chaque jour côtoient les dieux, là-haut, si loin des hommes…
Elles me confient la souffrance du quotidien, l’humilité devant la terre qui nourrit, la patience face au temps qui défile, qui s’efface en laissant la marque de son passage sur la peau.

Je ne connaîtrai jamais ces mains-là. Je ne saurai pas leur rudesse ni leur douceur, leur force ni leur faiblesse, leur chaleur ni leur accueil. Je ne saurai pas leurs caresses, leur simplicité. Je ne saurai rien de ces mains-là, rien d’autre que la lumière qu’elles exhalent. Rien d’autre que la paix qu’elles m’offrent… Rien d’autre...

Photo de Jean-Marie Jolidon



Sl’amour

te dire je t’aime
et puis me taire
te dire je t’aime
avec mes yeux
avec mes mains
avec mon corps
te dire je t’aime
et puis me taire
et m’en aller
pour revenir
et encore te dire
et te redire je t’aime
avec mes yeux
avec mes mains
avec mon corps
te dire je t’aime
et puis me taire
et me laisser couler là
au creux de tes bras
te dire je t’aime
et m’enivrer de toi
de ton corps
de tes mains
de tes seins
te dire je t’aime
et me noyer
dans tes yeux
et m’oublier
dans tes cheveux
te dire et te redire
je t’aime
et puis me taire





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